Pour assurer son bon fonctionnement, notre corps a besoin de protéines, de lipides, de glucides, de vitamines et d’oligo-éléments. Or, certaines pathologies ou situations cliniques peuvent entraîner une incapacité à s’alimenter naturellement. Dans ces circonstances, une alimentation artificielle est généralement prescrite pour éviter la dénutrition. Celle-ci peut prendre la forme d’une nutrition entérale par sonde naso-gastrique, naso-duodénale, une gastrostomie, ou une jéjunostomie. La pose de ces dispositifs médicaux permet de compléter ou de remplacer les aliments absorbés par voie orale pour assurer aux patients les apports nutritionnels basiques.

Quels sont nos besoins nutritionnels de base ?

Les besoins nutritionnels d’un individu standard s’adonnant à une activité physique modérée sont les suivants :

  • 25 à 35 kcal/kg/jour ;
  • au minimum 1g/kg/jour de protéines ;
  • au minimum 200g/jour de glucides ;
  • 25-40 ml/kg/jour d’eau.

Cependant, ces besoins journaliers sont augmentés lors de situations critiques ou cliniques :

  • + 10 % en postopératoire classique sans gravité ;
  • + 10 % à 30 % pour un traumatisme grave ;
  • + 25 % à 60 % pour une infection sévère ;
  • + 50 % au double pour les brûlures étendues et profondes, ou les pancréatites.

La dénutrition est-elle fréquente à l’hôpital ?

La perte de poids involontaire est relativement fréquente en hospitalisation. 50 % des patients hospitalisés sont atteints de dénutrition. En outre, l’hospitalisation aggrave les carences initiales liées à une pathologie sous-jacente comme un cancer, une insuffisance rénale chronique, une IRCO (emphysème), ou une maladie chronique du foie.

Comment détecter la sous-alimentation ?

Une perte de poids devient inquiétante lorsque :

  • elle est supérieure à 10 % durant le dernier mois ;
  • l’IMC ou BMI (poids/taille2) est inférieur à 18,5 chez l’adulte.

On évalue également la gravité de la dénutrition par :

  • sa vitesse d’installation (perte de poids brutale) ;
  • son importance, une perte soudaine de 25 % ou chronique de 50 % engage le pronostic vital ;
  • les paramètres biologiques (ex. PINI, Prognostic Inflammatory and Nutrional Index).
feeding tubes
gastrostomie
sonde naso-gastrique

Quel est le but de la nutrition entérale ?

La nutrition entérale est une technique d’alimentation artificielle destinée à délivrer des nutriments par l’intermédiaire d’une sonde passant par le nez ou introduite directement dans l’estomac ou dans l’intestin.

Elle est indiquée lorsque le tube digestif fonctionne correctement et qu’il reste capable d’absorber les nutriments. La nutrition entérale est la première méthode d’alimentation artificielle pouvant être mise en place. Elle permet de continuer à utiliser une grande partie du système digestif, car la digestion se fait ensuite normalement à partir de l’estomac ou de l’intestin.

Par ailleurs, elle contribue à une meilleure assimilation des nutriments et de meilleures défenses immunitaires. Avec cette méthode, un seul type de solution permet d’apporter à la fois des macros des micronutriments.

La prescription et le suivi d’une nutrition artificielle réclament l’implication des médecins, des pharmaciens, des membres des unités de nutrition, des diététiciens, et du personnel soignant.

Qu’est-ce que la nutrition parentérale ?

Lorsque l’alimentation naturelle n’est plus possible et que de surcroît le tube digestif est endommagé, la nutrition parentérale est utilisée pour administrer les abords nutritionnels. Le terme parentéral se traduit par : « passer à côté du tube digestif ». Avec cette technique, les nutriments ne passent pas par le tube digestif, mais immédiatement dans le système sanguin (veine sous-clavière ou jugulaire interne). La soluté administrée doit donc être scrupuleusement contrôlée. Il faut entre autres veiller à la quantité d’acides aminés pour éviter une trop grande osmolarité, qui pourrait scléroser le système veineux.

L’alimentation entérale reste plus physiologique, car elle entretient les fonctions digestives et implique des complications potentielles minimes. La nutrition parentérale n’existe que dans la contre-indication de la nutrition entérale.

Quelles sont les contre-indications de l’alimentation entérale ?

Ce type de prise en charge nutritionnelle est contre-indiquée en cas de :

  • gastro-parésie ;
  • ischémie ou fistule digestive ;
  • malabsorption sévère ;
  • occlusion, obstruction, iléus…

Quelles solutions sont administrées par voie entérale ?

Le plus souvent, on utilise des solutions standards ou dites polymériques, c’est-à-dire des nutriments sur leur forme native. Les mélanges contiennent des glucides, des lipides et des protéines non dégradés. Généralement, ces solutions sont iso caloriques, en d’autres termes, elles contiennent 1 kcal par millilitre de produit. De plus, elles sont souvent enrichies en fibre pour entretenir la flore intestinale et pour protéger la flore digestive. Elles sont aussi régulièrement dépourvues en lactose, car ce glucide est fréquemment mal toléré. Il existe toutefois des solutions plus spécifiques.

En définitive, la nutrition entérale est indiquée comme moyen de « survie » permettant de pallier une alimentation défectueuse. Le patient peut ainsi retrouver ses forces diminuées par la dénutrition et récupérer une vie quotidienne et sociale tolérable. Car un corps nourri est un corps qui se sent mieux, et un corps qui se sent mieux, c’est un esprit apaisé.

Sources :

Bases pour étudiant(e)s IADE du Docteur B. Leroy (réanimation chirurgicale Hopital Huriez).

https://www.sfncm.org/images/stories/EPP/NE/EPP-NE_presentation_03_03.pdf

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